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à la manière de...

Rimes visuelles
par Tonton Alfred

publiées par Le Plumart en été 1989

Assis au snack à ruminer
Devant mon quart de Traminer
J'attends que l'Europe de 12
à midi pile, article XII
Vienne apaiser sa faim aigüe
Dans le melon ou dans la figue.
Finis les oeufs : les poules couvent
Chez nos producteurs du couvent.
Non, no, nein, nenni mon beau monsieur,
Je manque aussi d'huile Lesieur
Et vous m'en voyez plus amer
Qu'un maître-queux de Gérardmer !
Devant tant d'élus qui se pressent,
Il n'est drame qui se pressent.
On m'invectice, on me retient,
Heureusement je suis patient :
Au plus en leur langue ils m'en content
Qu'au fond de moi je suis content.
Yes Sir ? Vous avez dit Tatcher
Qui presto m'envoie lui chercher
De la bière de l'Abbaye,
Please, oui bien sûr de La Haye.
Ils sont tous là, d'où ils résident
Groupés autour du président.
Les premiers entre eux balbutient,
Le second, courbé, m'entretient.
Et pour l'Europe à bon escient
D'un petit sandwich ils me scient.
Sans posséder mon C.A.P.
Je les ai fait virer de cap.
C'est que j'attends M.de Broglie
Pour aller chasser le chevreuil...
Au parlement dont tous émanent,
La planque c'est d'être permanent !

Rimes riches à l'oeil
par Alphonse Allais

publiées par Le Sourire le 7 décembre 1901

L'homme insulté‚ qui se retient
Est, à coup sûr, doux et patient.
Par contre, l'homme à l'humeur aigre
Gifle celui qui le dénigre.
Moi, je n'agis qu'à bon escient :
Mais, gare aux fâcheux qui me scient!
Qu'ils soient de Château-l'Abbaye
Ou nés à Saint-Germain-en-Laye,
Je les rejoins d'où qu'ils émanent,
Car mon courroux est permanent.
Ces gens qui se croient des Shakespeares !
Ou rois des îles Baléares!
Qui, tels des condors, se soulèvent !
Mieux vaut le moindre engoulevent.
Par le diable, sans être un aigle,
Je vois clair et ne suis pas bigle.
Fi des idiots qui balbutient !
Gloire au savant qui m'entretient!


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