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l'emprise de la Bastille

Année 1789.
Depuis 2 jours, Camille Desmoulins ne bégaie plus. Éprise de la Bastille, une horde de 500 agités exècre le marquis de Launay, alors gouverneur de ladite forteresse. Sur les tours 82 invalides reçoivent gentiment les clameurs qui montent des remparts. Auprès d'eux, 32 suisses d'un régiment de Salz-Samade composent la fine troupe qui se promet de tirer sur les invalides si ceux-là persistent à manquer d'hostilité envers les assiégeants. C'est une bataille à la française, impromptue, facile et pas très meurtrière qui s'engage.

Ce mardi 14 juillet 1789, méprises, erreurs et maladresses ( assaisonnées d'un non révolu désordre révoltant des révoltés ) viennent pimenter cette sauce bélliqueuse qu'aucun marmiton stratège n'eût servi si aigre. Tandis que les assaillants mettent en place deux canons sur le pont conduisant au pont-levis, plusieurs d'entre-eux essuient quelques volées de chevrotine tirées depuis leurs propres rangs. Au même instant, le gouverneur de la Bastille s'accorde lui aussi un moment d'égarement en faisant donner par le tambour le signal de la reddition. L'histoire semble s'arrêter...mais non.






Saurons-nous vraiment si le marquis de Launay a tenté de mettre le feu aux 280 barils de poudre ( 125 livres chacun ) ? Toujours est-il qu'il en arrive à supplier ses invalides de lui laisser au moins de quoi se faire sauter lui-même ; mais bientôt, attaché au bout d'un fusil, le mouchoir blanc du marquis fait trois fois le tour des remparts en maigre effigie de la capitulation. Déjà trompés par des signaux analogues, les assiégeants n'en tiennent pas compte. Le marquis change alors de stratégie et opte pour un message aux accents de l'ultimatum : "Nous avons 20 milliers de poudre, nous ferons sauter la garnison et tout le quartier si vous n'acceptez pas notre capitulation". Le peuple se surprend à y réfléchir. Mais c'est déjà trop de répit pour l'arsenal de la Bastille ( 400 biscaiens, 4 coffrets de boulets sabotés, 15 000 cartouches, 12 fusils de rempart dits amusettes du comte de Saxet, des boulets de calibres, 6 voirures de pavés et vieux ferrements, et bien entendu les 280 barils de poudre ).
La Bastille tombe, ou plutôt...son pont-levis. A 17h40, très prisé du feu des assaillants, le premier révolutionnaire parvenu sur les remparts crie victoire.

Et tout ça...pour 7 prisonniers : Tavernier, Pujade, Laroche, le comte de Solage, de White, Béchade, et la Caurège.

Article rédigé par Golven Gate, citoyen natif du 14 juillet, pour Plum'Art édition papier


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